Dę’ tęms dę’ Vęrbes, ę dę’ modes.
C̨hap. III.
La sinificac̨íon dę’ tęms a (come je vous ey dit) eté attribué’ ao’ Vęrbes. Mę́s com’il soęt troę’ manieres de tęms princ̨ipales, qi sont le prezęnt, le passé, ę le futur, le seul prezęnt ęt indiuizible : la ou le passé peut rec̨euoęr qelqe differęnc̨’ ę diuizíon, pour la continuęll’ aogmęntac̨íon q’il rec̨oęt, fuyant tousjours le prezęnt qe le futur se hate inc̨essammęnt d’approc̨her, par la continuęlle succ̨ęssíon de minutes, d’heures, jours, moęs, ę ans, qe c̨e mouuemęnt continuęl du c̨iel, ę du soleil męyne sans c̨ęsse, ę d’ordre.
Ęn lęssant donq le tęms prezęnt ęn sa simplic̨ité, rec̨herc̨hons ęn qantes manieres lę’ Franc̨oęs ont diuizé le passé, pour plus appertemęnt le fę́re conoętre, auęq sę’ differęnc̨es. Nous auons donq premieremęnt fęt vn preterit impęrfęt, tout einsi q’on fęt lę’ Grecz, ę Latins : come j’ęymoę, leqel nous auons einsi appęllé, pour aotant q’il ne nous denote pas vn accomplimęnt, ne pęrfęcc̨íon dun’ acc̨íon ou passíon passée : mę́s tant seulemęnt auoęr eté ęncomęnc̨ée.
Nous ęn auons vn aotre qi denote l’acc̨íon, ou passíon, vn peu plus pęrfętte : duqel toutefoęs le tęms n’ęt pas bien detęrminé : de sorte q’il depęnt de qelq’aotre : come, je vis le Roę lors q’il fut coroné. De vrey qant je dy je vis le Roę, je denote [p. 67r] bien la pęrfęcc̨ion de mon acte, mę́s c̨ete fac̨on de parler me tient suspęndu, come n’etant satisfęt, si je n’ey aotre detęrminac̨ion de tęms : d’aotant qe lę’ Franc̨oęs l’ont introduitte pour ętre detęrminée, par qelq’ aotre moyen c̨ęrtein : come, je fís c̨e qe tu m’auoęs mandé, soudein qe je rec̨u tę’ lęstres.
Mę́s com’ il soęt qelqefoęs nec̨essę́re de parler dęs c̨hozes passées pęrfęttemęnt, ę sans suyte, lę’ Franc̨oęs ont forjé vn aotrę preterit pęrfęt, par le moyen du vęrbe, ey, as, a, gouuęrnant l’infinitif sinifiant le tęms passé du vęrb’ actif nec̨essér’ a la locuc̨íon : come’ j’ey ęymé Dieu : la ou eymé, ęt l’infinitif passé du vęrb’ actif ęymer, ny ne reqiert aocune suyte qi luy soęt nec̨essę́re pour doner pęrfęcc̨íon de sęns.
Or nou’ faot il meintenant montrer par rę́zons viues, qe c̨e preterit n’ęt point formé par le partic̨ipe passif. Premieremęnt donq il faot ęntęndre qe tou’ partic̨ipes (hors c̨eus qi se terminet ęn ant ou ęnt) sont tous de sinificac̨íon passiue : come ęymé : nou’ dizons vn hom’ ęymé, ou frapé, q’on ęyme, ou frape. Secondemęnt tou’ partic̨ipes jenerallemęnt prenet leur tęms dę’ vęrbes ao’ qels ils sont conjoins, aotremęnt il’ ne sinifiet point tęms : si c̨e nęt d’aotant qe leur acc̨íon, ou passíon le porte de sa nature : come nou’ le dirons par c̨y apres.
Tęllemęnt qe ęymé, joint ao substantif prezęnt, denote passíon prezęnte, si a l’impęrfęt impęrfętte, ao pęrfęt pęrfęte : ę ao futur future : [p. 67v] come je suys ęymé, jetoę ęymé, jauoę ęté ęymé, je serey ęymé. Par conseqęnc̨e donqes, si qant nou’ dizons j’ey ęymé, ęymé ętoęt partic̨ipe, il faodroęt q’il sonát ęn tęms pręzęnt, tout einsi q’a je suys ęymé : vu qe ęy, as, a, ęt de tęms prezęnt : ę q’outre plus, il sonát ęn sinificac̨íon passiue : ę lors je demanderoę voulęntiers l’interpretac̨íon de j’ęy ęymé.
Dauantaje come lę’ partic̨ipes soę́t ęinsi diz pour la partic̨ipac̨íon q’ils ont auęq lę’ vęrbes, ę noms : ę q’ils soę́t partic̨ípans auęq lę’ noms ęn jęnre, nombre, ę tęrminęzons, ę capables dę’ prepozic̨íons, il ęt nec̨essę́re, qe puis q’ilz sinifíet acc̨íon, ou passíon, q’il soę́t conjoins ao nom, ou pronom sinifiant l’ajant, ou pac̨íęnt, tout einsi qe lęs ajectifs : ę ęn tant q’il’ partic̨ipet dę’ vęrbes, il’ gouuęrneront de mę́mes qe c̨eus d’ont ilz sont deriuez, ę auęq lę’ mę́mes prepozic̨íons.
Tęllemęnt qe tout einsi qe nou’ dizons Pięrre frape Gilłaome, nou’ dirons aosi Pięrre frapant Gilłaome : ę ęn sęmblable, Pięrr’ ęt ęymé de Ian, Pięrre ęymé de Ian. Tout einsi aosi qe lęs ajectifs ne peuuet ętre mis seuls ęn claoze, q’il’ n’ayet leur substantif expręs, ou suręntęndu, aosi ne peut le partic̨ipe demourant ęn nature de partic̨ipe : tęllement qe tout einsi qe nou’ ne pouuons dire le blanc court, sans y suręntęndre qelqe substantif, aosi ne pouuon’ nous dire, l’ęymé court.
Parqoę je demande qel substantif nous suręntęndons, pour lę’ partic̨ipes de c̨ęs claozes : [p. 68r] j’ęy ęymé, j’ey dormy, j’ey couru, ę finablemęnt ęn toutes sęmblables fac̨ons de parler d’acc̨íon indetęrminée : j’appell’ vn’ acc̨íon indetęrminée, qant le passif n’ęt point exprimé : come je vou’ l’ey ja dit par c̨y auant.
Dauantaje, si c̨ete fac̨on de preterit etoęt formée par le partic̨ipe, nou’ ne pourrions dire j’ey dormy : vu qe c̨e dormy, ne peut rec̨euoęr vn substantif : car nou’ ne dizons pas vn home dormy. Outre plus je voudroę bien q’on me dít de qi ęt gouuęrne lęttres, qant nou’ dizons par le participe, je vous ey ęnuoyées dęs lęttres.
Si nous dizons qe lęttres, ęt gouuęrné par le seul vęrbe ey’, ę conjoint ao partic̨ipe ęnuoyez, le sęns sera q’aocunes lęttres a vous ęnuoyées sont ęn ma possęssíon : tout einsi qe qant nou’ dizons, j’ey mę́zon fętte, je ne dy pas qe je l’ey fęt : mę́s q’une mę́zon fętt’ ęt miene : ę toutefoęs j’ęntęns dire qe je vous ey fęt tenir dę’ lęttres, ę non pas qe je lęs aye par deuers moę.
Ioint aosi qe comunemęnt le partic̨ipe suyt son substantif s’il ęt exprimé : come j’ey mę́zon fętte : j’ey lęttres ecrittes ou datées d’un tel an : ę non pas j’ey fętte mę́zon : ne j’ey ęcrittes ou datées lęttres dun tęl an, toutes lę’ qęlles claozes sonet ęn tęms prezęnt.
Si donqes nou’ voulons confesser verité, nou’ trouuęrons qe c̨e preterit se forme par l’infinitif preterit, ę actif : ę pourtant se peut il rezoudre par le partic̨ipe passif, tout einsi qe lęs aotres modes, ę tęms : de sorte qe si nou’ voulons [p. 68v] rezoudre, j’ey ęymé Pięrr’ ę Iane, nous dirons qe Pięrr’ ę Iane ont eté ęymez par moę, ou de moę : tout einsi qe j’ęymę Pięrre se rezout, par Pięrr’ ęt ęymé de moę.
Parqoę il c̨ęnsuyt qe c̨ę’ manieres de parler ęn tęms preterit, j’ey ęymées lęs dames, ęt incongrúe, ę contre la rę́zon naturęlle, tant du batimęnt du langaje, qe du sęns : car le sęns seroęt par rézon qe lę’ dames ęymées sont a moę. Ao demourant le partic̨ipe suyuant l’uzaje de la lange Franc̨oęze dút ętr’ ęn suyte de dames.
Nous vzerons donq de c̨et infinitif immuable, qelqe singulier, ou plurier masculin, ou femenin qi le suiue : dizans j’ęy ęymé lę’ dames, j’ey ecrit vne lęttre, j’ey vu infiniz peuples. C̨e q’il faodra obsęruer ęn tous aotres preteriz de qelqe mode q’ils soę́t, toutefoęs ę qantes qe le vęrbe, ey, as, a, y ęntreuięndra sans l’infinitif du vęrbe substantif : car allors il forme lę’ preteriz du passif, qi ne peuuet ę́tre formez qe par l’ajoncc̨íon du partic̨ipe passif : come j’ey eté ęymé, j’auoę eté ęyme, j’uss’ eté ęymé : la ou j’auoę ęymé, juss’ ęymé, sont par l’infinitif preterit ę actif.
Il ęt vrey toutefoęs q’aocuns de no’ vęrbes formet c̨e preterit par vn partic̨ipe, qi a la forme de partic̨ipe passif, ę auęq le vęrbe substantif : de sorte q’ao lieu de dire j’ey allé a Rome, j’ey venu a Rome, nou’ dizons, je suys allé a Rome, je suys venu a Rome : lę’ qels (ę si aotres y a) n’ont pas sinificac̨íon passiue, ę ęn deffaot de l’infinitif actif, ę preterit, nous [p. 69r] ęn vzons auęq le vęrbe substantif : d’aotant q’un partic̨ipe ne se peut joindr’ a aocun substantif par qelq’ aotre vęrbe, qe par le substantif suys, ęs, ęt, non plus qe tous ajęctifs, ę tous aotres noms ou pronoms, qe nous pourrions joindr’ ao’ noms sans vęrbe, ne prepozic̨ion : come, l’home bęl, bon, joyeus, blanc, ęymé : tou’ lę’ qelz, ę tous aotres, nou’ pourrons bięn joindre par le vęrbe substantif : come l’hom’ ęt blanc, il ęt venu, l’home ęt saje : męs si nous dizons l’home se fęt saje : nous denotons qe l’home don’ ordr’ a ę́tre saje : ę pourtant saje, ęt l’ajectif de se : ę non pas de l’home.
Nous auons encor’ d’aotres tęms pretęriz, qe nou’ pouuons appeller plusqe pęrfęs, ou plusqe passez : l’un dę’ qels qe nous appęllons plus comunemęnt plusqe pęrfęt, se forme par le preterit impęrfęt de ey, as, a, auęq l’infinitif preterit : come, jauoę ęymé : vn aotre par le preterit indetęrminé dudit vęrbe, ę le mę́m’ infinitif dęs aotres : come, j’us’ ęymé : vn aotr’ ęncores par le preterit pęrfęt, ę detęrminé dudit vęrbe : come, jęy u ęymé.
Tou’ lę’qels sont indetęrminez : ę pourtant il’ reqieret qelqe c̨laoze prec̨edęnt’ ou subseqęnte le plussouuęnt auęq tęms preterit : come j’auoę fęt qant vou’ vintes : j’u fęt qant vous arriuates : j’ey u fęt auant q’il arriuát. Ao regard du futur, nou’ ne le diuizons point qe par auęrbes, ou noms tęmporęlz : come, je le ferey a c̨et’ heure, meintenant, demein, dedans huyt iours.
[p. 69v] Qelqefoęs aosi pour montrer la c̨hoze future plusqe prezęnte, nou’ dizons par le preterit pęrfęt, j’ey fęt meintenant, j’ey dit, j’ey tout incontinant diné : pour je ferey, direy, dinerey incontinant.
Or qant ao’ modes dę’ tęms, nous appęllons la mod’ indicatiue, c̨ęlle qi denote c̨e qi se fęt, fera, ę a eté fęt, tant ęn sinificac̨íon actiue, qe passiue : come, j’ęyme, j’ęymoę, j’ey ęymé, j’ęymerey.
Ao regard de l’imperatiue mode, ou comendante, ęlle na point de preterit : car on ne peut comander pour le passé : vu qe le tęms passé ęt irreuocable. Il a donqes le prezęnt, qi toutefoęs n’ęt pas si prezęnt, q’il ne tiene de qelqe c̨hoze du futur. De vrey aosi seroęt c̨e comander san’ propos, a c̨eluy qi ja feroęt c̨e q’on luy c̨omande.
Aosi voyon’ nous q’a tou’ comandemęns, la reponse se fęt par le futur, si nou’ ne lęs auons preuenu. Si donq qelq’un me comande qelqe c̨hoze qe je veulłe bien fę́re pour luy, je repondrey je le ferey, ou non ferey : plutót qe je le fęs, ou je ne le fę́s. Outre plus nous auons de coutume de leur ajouter qant bon nous sęmble, aocuns noms, ę auęrbes tęmporęlz : come fęs c̨ela demein, a c̨et heure, prezęntemęnt : dont la plupart ęmporte le futur.
Finablemęnt qelq’ auęrbe de tęms prezęnt qe nous luy ajoutions, l’accomplimęnt toutefoęs ęt tousjours subsecutif. Parqoę le comandemęnt ne si peut vuyder si soudein q’il ne tiene du futur. Ę pourtant je n’estime pas notre lange [p. 70r] pouure pouraotant q’ęlle n’a point de tęms futur propre, vu qe le prezęnt y pęut fournir.
Ę combien qe nous vzurpions le futur de l’indicatif, come vou’ ferez c̨ela, tu iras la : nou’ le pouuons toutefoęs aosi bien dire par l’imperatif : car aotant vaot fęttes c̨ela, ę va la, qe vou’ ferez c̨ela, ę tu iras la, prononc̨ez ęn fac̨on de comandemęnt, ou remontranc̨’ auęq lę’ plu’ grans : car lęs sujęs ou moindres ne peuuet pas comander a plu’ grans q’eus : vu q’ęntre lęs egaos męmes, le comandemęnt n’a point de lieu.
Parqoę il ęt euidęnt qe c̨et imperatif ęt plus futur, qe prezęnt : ou qe pour le moins nou’ le pouuons appeller aosi bien futur, qe prezęnt. Ao demourant ęntęndez qe lę’ passifs ont lę’ tęms ę lę’ modes de mę́mes qe lęs actifs.
Ę combien qe l’imperatif soęt le plus souuęnt ęmprunté du prezęnt indicatif, il ęt toutefoęs ęn c̨ela differęnt de luy, qe lęs secondes pęrsones ne sont jamęs conjoinctes a leur’ pronoms, sans le relatif, qi, qe, ou qel : ny ne peut la singuliere soufrir tu, rec̨euant ęn son lieu toę, ęn suyte : come fęs c̨ela toę qi t’ęndors : fęttes c̨ela vous qi ętes la : ou bien fęs ton deuoęr toę leqel tout le monde reqiert, ou qe tout, &c.
Il ęt vrey qe qelqefoęs il ny a point de relatif, mę́s aosi ęsc̨e par figure : come fęttes c̨ela vous, fęs c̨ela toę. Ao regard de la premiere plurier’ ęlle fę́t son pronom tout einsi qe lęs susdittes, ę auęq lę’ mę́mes c̨ondic̨íons : come, fęzons c̨ela. Qant ao’ tięrses [p. 70v] tant singuliere qe pluriere, ęlles reqieret la conjoncc̨íon qe, auant leur surpozé : come q’il fasse, q’il’ ęymet.
Mę́s qant a l’optatif, ou bien dezideratif, il ny a point de doute qe le dezir ęt tant familier a l’home, qe combien qe l’effęt soęt impossibl’ ao tęms passé, ao prezęnt diffic̨ile, ę ao futur inc̨ęrtein, la rę́zon toutefoęs n’a point tant d’aothorité ęn nous, qe le tęms passé ne nou’ trauailłe plus qe le futur, ne le prezęnt, pour le seul dezespoęr qi par ręzon nous ęn dút dissúader.
Pour comęnc̨er donq a epluc̨her c̨et optatif, nous ęn auon’ deus du tęms prezęnt : l’un qi a sa tęrminęzon ęn roę : come j’ęymeroę, je feroę, je voudroę, qe lę’ Latins ęxprimet par amarem, facerem, dicerem, dizans q’il sinifíe le tęms prezęnt, ę le passé impęrfęt : ę pour le nou’ doner a ęntęndre, Prisc̨ian nous allęge, vtinam legerem heri : qe le Franc̨oęs ne saoroęt rec̨euoęr ęn sa lange : car nou’ ne dizon’ point, je liroę hier.
Parqoę c̨ete forme de vęrb’ optatif ęn roę, ne sinifi’ ęn notre lange, q’ęn tęms prezęnt, declinant plutót ao futur, q’ao preterit : par c̨e qe tout’ acc̨íon, ou passíon qi a continuac̨íon, dezire tousjours le futur pour sa perfęcc̨íon : come íe bátiroę volęntiers vne mę́zon, j’iroę voulęntiers a Paris. Nous auons vn aotre prezęnt optatif qi se tęrmin’ ęn asse, ou ísse, ou usse : come ęymasse, oísse, lusse : come plút a Dieu qe j’ęymasse aotant Pięrre, q’il me hęt : qi n’ęt aotre c̨hoze q’un dezir d’un amour prezęnte.
[p. 71r] Or ne sont pas san’ propos c̨ę’ deus optatifs prezęns introduiz ęn la lange Franc̨oęze : attęndu qe nous auons aocunes manieres de parler par l’un, qe nou’ ne pouuons vuyder par l’aotre : come j’ęymeroę volęntiers, plutót, qe j’ęymasse volęntiers : ę a la miene volonté, ou plút a Dieu, qe j’ęymasse : ę par le preterit impęrfet, ę aosi par le pęrfęt : come je vouloę qe j’ęymasse, ę il a voulu qe je l’ęymasse : ę mę́mes par le premier prezęnt de l’optatif : come je voudroę qe j’ęymasse : ou le premier prezęnt n’y peut ętre conjoint.
Nous ne dizons point de vrey, a la miene voulonte qe j’ęymeroę, pour qe j’ęymasse : ę combien qe j’ęymeroę a la miene volonté, sęmbleroęt tolrable, si ęsc̨e qe nou’ dizons plutont j’ęymeroę voulontiers. Ęn sęmblable nou’ ne dizon’ point plút a Dieu, ne je vouloę, ne j’ey voulu, ne je voudroę qe j’ęymeroę.
Ao demourant si l’optatif a point de vrey preterit impęrfęt, le prezęnt ęn sse, ęn sęmble sęruir joint ao’ preteriz impęrfęs, ę pęrfęs de l’indicatif : car qant nou’ dizons il vouloęt, qe je l’ęymasse : ou j’ey voulu q’il m’eymát, il ęt c̨ęrtein qe c̨e dezir se refer’ ao tęms passe, ny ne denote pas aotre dezir d’amour qe du passe.
Or qant ao’ preteriz pęrfęs, nous ęn auons deus : l’un se forme par le premier prezęnt optatif d’auoęr, auęq l’infinitif preterit du vęrbe : come j’aoroę fęt voulęntiers votr’ affę́re. Laotre se forme par le second prezęnt du mę́m’ optatif d’auoęr : [p. 71v] come, j’usse fęt voulęntiers votr’ affę́re.
Il y a aosi deu’ preteriz plusqe pęrfęs : le premier se forme par le premier preterit pęrfęt de l’optatif d’auoęr, qi ęt j’aroę u, ęn luy ajoutant l’infinitif de mę́mes qe dessus : come j’aroę u fęt a tęms : l’aotr’ ęt formé par le second preterit du mę́me vęrbe auoęr, ę l’infinitif du vęrbe : come j’usse u ęymé. On n’ęn vze toutefoęs gieres ęn l’optatif.
Ao demourant, l’optatif na q’un futur : come, je prí’ a Dieu qe je le voye auant qe mourir. Or a ęncores notre lange le vęrbe subjonctif, ou conjonctif : leqel on ęstime auoęr eté einsi dit : d’aotant q’il ęt soumis a la conjoncc̨íon, ou bien a vn aotre vęrbe pour fę́re sentęnc̨e pęrfętte : ou bien d’aotant q’un aotre luy ęt soumis.
Parqoę si je dy Pięrre court, ę c̨hante, c̨e c̨hante, ne sera pas conjonctif, combien q’il soęt soumis a la conjoncc̨íon : par c̨e qe sans c̨et’ ajoncc̨íon, le sęns peut ętr’ ęn l’un ę ęn l’aotr’ a part. Mę́s si je dy comęnt l’ęymeroę je ? le sęns depęnd de qelqe aotre caoze : come vu q’il ne me fit jamęs qe mal, si je l’ęyme jamęs, q’on me tiene pour mec̨hant. Si je luy vsse fęt deplęzir, il út u caoze de me haír.
Ę combien qe la mod’ indicatiue puyss’ ętre coníoinct’ ao’ conjoncc̨íons, ę aotres vęrbes : come, si je l’ęyme, il m’ęymera, nou’ ne diron’ pas toutefoęs qęlle soęt subjonctiue, ne parelłemęnt optatiue : par c̨e q’ęlles ne sont pas tousjours forc̨ées a c̨ela com’ ęt le subjonctif : leqel n’ęt jamęs [p. 72r] sans conjoncc̨íon ou aotre vęrbe : non sans caoz’ il ęt appęllé douteus : car qant je dy, comęnt ęymeroę je Pięrre ? come je fusse venu : si juss’ appęrc̨u Pięrre, le sęns demeure douteus.
Parqoę combien qe le subjonctif, ou conionctif soęt pour la plusgrande part de c̨ę’ tęms, egal ę semblabl’ a l’optatif, sa diuęrsité toutefoęs se decouur’ ao sęns. Or ęmprunte il le futur de l’optatif q’il fęt sinifięr ęn tęms prezęnt, c̨e qe nou’ pouuons decouurir ęn c̨e tręt, Dieu me fasse pęrdon, combien qe je fasse mal : car le premier fasse, ęt optatif pour l’auenir, ę le second conjonctif pour le prezęnt.
Outre c̨e prezęnt ęmprunté du futur de l’optatif, la lange Franc̨oęz’ a prins son premier prezęnt : de sorte qe nou’ dizons, come l’ęymeroę je, vu q’il ne m’ęyme point : come si je vouloę dire, je ne le puis prezęntemęnt ęymer, puis q’il ne m’ęyme point. Ell’ a ęncor ęmprunté c̨eluy qi ęt ęn sse, come ęymasse : duqel aosi nous ęn vzons ęn preterit impęrfęt.
Ęxemple du prezęnt, il faodroęt qe je l’ęymasse bien, pour ęndurer c̨e q’il fęt. Ę du preterit impęrfęt : il m’a fęt vn gran’ tort, qoę qe je l’ęymasse. Il ęt vrey qe la differęnc̨e depęnt du vęrb’ aoqel il ęt conjoint : mę́s il me suffít pour c̨et heure de montrer sa nature.
Car je ne poursuys pas la construcc̨íon dę’ partíes du langaje, sinon par ręncontres : ę si nou’ voulons rec̨hęrc̨her lęs affinités dę’ tęms, nou’ trouuerons qe le preterit impęrfęt de l’indicatif, [p. 72v] pręnt la nature du prezęnt conjonctif, par la vęrtu de la conjoncc̨íon si, ęn s’accompaŋ̃ant du prezęnt conjonctif tęrminé ęn roę : come si je vouloę j’ęymeroę, s’il m’ęymoęt, je seroę tręsę́ze.
Mę́s auant qe de poursuyure c̨ete maniere de bátymęnt, ę lę’ grac̨es, il faot premieremęnt voęr si l’epreuue, ę rec̨herc̨he dę’ matieres qe je fęs, qi sont lęs huyt parties d’oręzon, vou’ sera aggreable. C̨ar pour neant se traualłe l’Arc̨hitęcteur de diuizer lę’ comodités, ę proporc̨íons d’un edific̨e, si lę’ rę́zons q’il a deduit touc̨hant la proprieté ę nature dę’ matieres nec̨essę́res a le dresser, ne sont rec̨úes.
Ao regard dę’ preteriz du subjonctif, il lęs a tous tęlz qe l’optatif : come il m’a mandé q’incontinant qe j’aoroę rec̨u arjęnt, je le luy ęnuoyasse : j’usse payé mon hóte, si j’usse u fęt a tęms. Outre lę’qels, le conjonctif a ęncores vn qart preterit formé du futur de l’optatif d’auoer, qi fet aye, auęq l’infinitif preterit : c̨ome qoę qe j’aye souffęrt beaocoup de trauaos ęn c̨e monde, je ne dezespererey pas pourtant de mon repos ęn l’aotre.
Ao demourant, le conjonctif n’a q’un futur, qi se forme du futur de l’indicatif d’auoęr, ę de linfinitif preterit du vęrbe : come qant je l’aorey vu, je marc̨handerey. Ny ne voę point de ręzon q’on le doęue tęnir pour futur de l’indicatif : vu q’a peine le trouueron’ nous (come je croę) vzurpé ęn la lange Franc̨oęze sans conjoncc̨íon, ou verbe : de vrey nou’ dizons [p. 73r] bien j’ęyme, sans aioncc̨íon, ęn sinifiant qe je suys amoreus, nou’ ne diron’ pas pourtant j’aorey ęymé, q’il ne falłe qelq’ aotre vęrbe pour y pęrfę́re qelqe sęns : la ou nou’ dizons bien j’ęymerey, qi sinifíe qe je serey amoureus.
Il ne nou’ ręste plus q’a rec̨hęrc̨her lęs infinitifs. Dę’qels c̨eluy qe nous estimons ętre du tęms prezęnt, ne me sęmble point ęn sinifier aocun : come qi se ranje a c̨eluy qe sinifíe le vęrbe qi le gouuęrne : finablemęnt il n’a qe sa sinificac̨íon d’acc̨íon, ou passíon : se conjoŋ̃ant a tou’ tęms sans rien immuer : come, je voę líre, je voyoę líre, je vis líre, j’ey vu líre, je vęrrey líre.
Ę non seulemęnt a tou’ tęms, mę́s aosi a toutes modes : come a l’imperatif, fę’ líre : a l’optatif, plút a Dieu qe je visse líre : ao subjonctif, come j’usse vu líre. Somme qe je ny treuue non plus de sinificac̨íon de tęms q’ę’ noms : de sorte qe qant je dy je voę líre, c̨e líre, ne me sinifíe qe l’acc̨íon indetęrminée prezęnt’ a ma vúe : ę si je dy j’ey vu líre, vne lecture qi fut du tęms qe je la vis. Mę́s puis qe c̨ęt la coutume de l’appęller prezęnt, je suis contant de l’y appeller, tout einsi qe le partic̨ipe prezęnt : combien q’il na point de sinificac̨íon de tęms : come nou’ le montrerons par c̨y apręs.
Or auon’ nous vn aotr’ infinitif preterit, leqel sinifíe tęms : de sorte qe tous lę’ preteriz dę’ vęrbes, ę lę’ futurs mę́mes qi ont qelqe sinificac̨íon du preterit ęn futur, sont formez par luy : exc̨epté l’impęrfęt de l’indicatif. [p. 73v] Ę ęt sa forc̨e si grande, qe combien q’il soęt conjoint a vn vęrbe de tęms prezęnt, il le fęt soner ęn tęms preterit pęrfęt, ę l’impęrfęt, ęn plusqepęrfęt : ę qoę qe le futur soet bien diuęrs du passé, ę q’il ne le puisse du tout ruiner, il le contreint toutefoęs a qelqe sinificac̨íon du passé.
Or qant nou’ dizons j’ey ęymé, c̨et ey, ęt la premiere pęrsone du prezęnt indicatif : ę toutefoęs l’infinitif joint a luy, le fęt soner ęn preterit : ę combien q’auoę, soęt vn preterit impęrfęt, si j’y ajout’ ęymé, j’ęn fęs vn preterit plusqepęrfęt. Combien aosi qe j’aorey, soęt le futur de l’indicatif : si toutefoęs je luy ajout’ vn infinitif preterit, come ęymé, c̨e sera vn futur qi reqęrra vne c̨hoze pęrfętte.
Finablemęnt jamęs nou’ n’expozons c̨et infinitif, qe par tęms preterit : come j’ey ęymé Pięrre, Pięrre a eté ęymé de moę. La ou le prezęnt se rezóut selon le tęms de c̨eluy qi le gouuęrne : come, je voę Pięrre boęre le vin : s’expozera, je voę Pięrre qi boęt le vin : ę je l’ey vu boęre le vin, je l’ey vu qi la bu le vin, je le voyoę boęre le vin, q’il buuoęt le vin.
Męs qant a c̨eus qe lę’ Latins appęllet Gerundia & Supina : lę’ Franc̨oęs n’ęn nont point de bezoin : car il’ lę’ vuydet par lęs infinitifs, ę partic̨ipes : come je m’ęn voęs c̨hasser, je reuięns de c̨hasser, je suys venu pour c̨hasser, on s’ebat ęn c̨hassant : pour, eo venatum, redeo venatu, veni venandi gratia, recreatur animus venando. Nous ęn pouuons bien dir’ aocuns aotremęnt : come, je voęs a la c̨hasse, &c.